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Bikers stéphanois on the road

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Bikers stéphanois on the road

Figure mythique de la pop culture, parfois bad boy, souvent barbu, musclé et tatoué, le motard en Harley tend à adoucir son image, suscitant même de vifs élans de sympathie de la part du grand public. Reportage sur la route, avec les bikers stéphanois du Armeville Saint-Etienne Chapter. Par Cerise Rochet


Le rituel est toujours le même. Un café. Un croissant. Quelques papotages. Ensuite, le Road Captain enfile son gilet de sécurité orange, et procède au briefing, devant la concession : détail du parcours à venir, rappel des règles de sécurité, identification des Safeties du jour, qui assureront le blocage momentané des carrefours et ronds-points afin que le cortège reste bien compact. Une petite photo de famille, et chacun enfourche sa bécane avant de prendre sa place dans la file. Le Road Captain en premier. Puis, les Lady’s. Ensuite le reste du groupe, du motard le moins expérimenté au plus expérimenté « parce que plus on est à l’arrière, plus il faut rouler vite pour coller au reste du groupe ». Et enfin, en queue de peloton, le Serre File, sorte de moto-balai qui s’assure que personne ne décroche.

Une fois sa position prise dans la file, le motard n’en bougera plus : ici, l’esprit de compétition s’efface totalement au profit du collectif… alors, on ne double pas.  Ce samedi-là, direction la Drôme, pour une balade de 150 kilomètres au total, entrecoupée d’un pique-nique au lac du Vernet, et d’un petit café à Annonay. Pas de bière ou de petit digeo, zéro alcool tant que tout le monde n’a pas garé sa moto. Retour prévu à 16h30, il ne faut pas tarder pour être certain de rentrer avant le soleil couchant et le froid qui l’accompagne, en ce début du mois de novembre.

En 2002 est créé le chapter Armeville, qui regroupe les bikers stéphanois

Créé en 2002, le Armeville Saint-Etienne Chapter France compte aujourd’hui 74 membres. Le moto-club, griffé Harley Davidson et adoubé par la marque, est affilié au Harley Owners Group – dit « HOG » – qui regroupe un million de propriétaires à travers le monde. « Derrière le HOG, se cachent une multitude de motards dont le point commun est la passion de la route, détaille Pat, le directeur du chapter stéphanois. Aujourd’hui, chaque club qui lui est affilié dépend d’une concession, comme c’est le cas pour nous avec la concession stéphanoise ».

En 1983, alors qu’elle fait face à une crise liée à la concurrence japonaise, et qu’elle souffre de l’image de certains motos-clubs rivaux et violents, la franchise fonde le HOG afin de renforcer la loyauté de ses clients… Et de tenter de canaliser les bikers, en leur proposant un moto-club assujetti à un certain nombre de règles. « Sécurité, liberté, fraternité », une sorte de mantra qui pourrait depuis, gouverner n’importe quel chapter du monde, pourvu qu’il soit homologué.

« On est des frères »

Sans doute d’ailleurs, ces trois mots sont-ils aujourd’hui ce qui fait la force du HOG. Généralement venus chez Harley pour ce que la marque représente dans la pop culture – L’équipée sauvage, Easy Riders, Terminator, Johnny, en tête – la plupart des bikers s’inscrivent durablement dans le moto-club pour l’esprit collectif qu’ils y trouvent, dès leur arrivée.

« Ce qui se passe en poussant la porte d’un chapter est assez difficile à expliquer, poursuit Pat. Ici, tout se vit en groupe. On partage la route bien sûr, mais aussi, la préparation des voyages, le café et les croissants, des événements annuels, les réunions, et aujourd’hui aussi, les discussions WhatsApp ».

Le directeur, barbiche blanche bien taillée, bagouzes au doigts, bracelets de perles au poignet, désigne également deux patchs, cousus sur son gilet de cuir noir : « On est des frères, c’est vraiment très fort. D’ailleurs, je n’oublie pas ceux qui ont disparu, leurs noms sont inscrits là ».

En moto tous égaux ?

Au sein du chapter, beaucoup avouent avoir d’abord conduit des Italiennes ou Japonaises, avant de s’offrir leur première HD. Et tous, rapportent successivement les sensations différentes, la singularité Harley, la mélodie du moteur et du pot si identifiables, le bonheur de pouvoir personnaliser sa moto, le souci du détail… Et, bien sûr, la particularité du HOG. « Pas de jugement ». « Pas de compétition ». « Du réconfort ». « Une famille ». « Du respect entre tous les membres ». En moto, tous égaux ?

Possible. Chacun avec ses mots, Alexandre, trésorier du chapter, Christian et son épouse Eliane, Christophe, Sandrine, Luigi, et tous les autres évoquent en réalité l’existence d’une communauté. Ses membres répondraient ainsi aux mêmes codes et aux mêmes règles… Heureux de partager un mode de vie commun, et donc, de faire partie d’un ensemble inébranlable. A la clé, une échappatoire à la vie quotidienne, à l’individualisme, aux tracas et à la morosité ambiante. Une « thérapie », là où d’autres motos-clubs jouent davantage la carte de celui qui roulera le plus vite, et « qui arrivera le premier en haut ». Ainsi les bikers soignent-ils leur style vestimentaire, cuir en avant. Ils portent haut leurs couleurs, glanées à force d’implication au sein du groupe… Un peu comme à l’armée, mais en beaucoup plus rock. Un sentiment d’appartenance qui compte sans doute autant que la sensation de liberté éprouvée dès le pied posé sur le kick.

L’émancipation de toutes et tous comme stratégie marketing ?

En outre, Harley fédère aujourd’hui par-delà le mythe qui articulait jusqu’il y a peu grosse cylindrée et gros bras musclés, testostérone et moteur en V. A la différence de nombreux autres motos-clubs, le HOG intègre par exemple des sections féminines, créées pour encourager les femmes à devenir plus actives au sein des chapters, qu’elles soient passagères ou pilotes. A Saint-Etienne, Laurence est ainsi membre des Lady’s de Armeville, depuis maintenant deux ans. D’abord passagère de Gilles, son conjoint, la bikeuse avait fini par s’ennuyer un peu à l’arrière. Alors, après avoir roulé un an en 125, « pour voir », elle passe le permis gros cube. S’offre sa première Harley. Et enquille… 28 000 kilomètres en deux ans, forçant depuis le respect du groupe… Et démontrant sans doute au passage qu’il n’y a pas de genre pour tenir une telle bécane, si puissante soit-elle.

Dans une dynamique similaire, on trouve également des sections Young, pour les bikers affichant moins de 41 années au compteur… Pas folle la guêpe… Jeunes et femmes représentent pour la marque à la stratégie marketing bien huilée, autant de nouveaux clients à appâter… Et à garder précieusement entre les mailles du filet. Surtout lorsqu’on sait le considérable budget dépensé par un biker au cours de sa vie pour entretenir sa moto ou en changer.

Bikers stéphanois et élan de sympathie

Reste que, si la transaction commerciale n’est jamais très loin – le gérant d’une concession est appelé « un dealer » – le HOG et ses chapters promeuvent aujourd’hui plus que jamais l’émancipation de tous et toutes par la route. Route sur laquelle chaque motard fera d’ailleurs systématiquement l’expérience d’une certaine forme de sympathie de la part de « ceux qui n’en sont pas ». Pouces en l’air. Petits coucous. Yeux écarquillés et plein d’étoiles. Ce samedi-là, tout au long des 150 kilomètres de balade du Armeville Chapter, les 14 motards et motardes venus profiter d’une des dernières sorties de l’hiver auront une nouvelle fois suscité envie (jalousie ?) et admiration des passants et autres automobilistes. A croire qu’avec son HOG, Harley a finalement réussi son pari : faire oublier aux yeux du grand public les clubs des 1% hébergeant les motards hors-la-loi… Quoi qu’ils soient toujours là.

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