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Rester ou partir, le dilemme des artistes de Sainté

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Rester ou partir, le dilemme des artistes de Sainté

Faut-il partir de Sainté ou y rester ? Les artistes sont souvent confrontés à ce choix crucial : quitter leur ville natale pour Paris et ses promesses de visibilité, ou rester fidèles à une ville où la créativité bouillonne mais peine parfois à rayonner. Entre attachement, contraintes et ambitions, ce dilemme dessine depuis quelques années les contours d’une scène artistique à la croisée des chemins. Par Victor Dusson

Riche de son héritage industriel, Saint-Étienne entame depuis quelque temps sa mue, qu’elle soit économique, urbaine ou culturelle, avec de nombreux ambassadeurs. Parmi eux, une pléiade d’artistes musicaux qui, depuis une dizaine d’années, forment une scène éclectique et innovante et qui ont trouvé en ici le nid parfait pour émerger. 

Saint-Étienne, un terreau favorable à l’émergence 

On le sait, Saint-Étienne est un village. Et cette caractéristique offre aux artistes locaux une certaine proximité, facilitant le lien entre les structures culturelles et les musiciens débutants. Lucas, membre du groupe Salut L’Orage, qui fête cette année son premier anniversaire, en témoigne : “La proximité avec les acteurs du milieu musical permet de s’implanter plus vite qu’à Paris ou ailleurs. À Sainté, on se forme rapidement un réseau solide, car il est facile d’identifier les structures et associations et de se connecter avec elles. On trouve aisément un studio et des salles où jouer. 

 

L’autre force de la ville réside ainsi dans ses structures et collectivités, qui offrent un soutien idéal pour les artistes émergents. Théo, alias Bonneville, raconte : “On est bien accompagné à Saint-Étienne. Déjà, on peut se tourner vers la ville, qui propose des aides via le dispositif Crescendo Forte, soutenant les projets émergents sur la communication, le matériel ou les lieux de diffusion. J’ai aussi bénéficié d’un accompagnement de la part de salles comme Le Pax ou Le Fil, où j’ai pu travailler, répéter, faire des résidences, et aboutir à des concerts. Le festival Paroles et Musiques nous donne aussi une chance de jouer devant le public stéphanois via des premières parties. Pour la distribution, j’ai sorti mes premiers titres avec Confiture Distribution, un label local. Tout cela a fait de Saint-Étienne le lieu parfait pour mes débuts. 

Rester à Sainté ou partir : petits prix et solidarité

Mais ce tissu local ne serait rien sans l’éternelle solidarité qui règne entre les artistes stéphanois, une caractéristique enviée dans la France entière. Corentin, de Brique Argent, confirme : “À Sainté, on se connaît tous, et il y a une vraie solidarité entre nous. On se serre les coudes, on s’échange des filons, et on se donne de la force. Terrenoire, Fils Cara, Felower, et d’autres m’ont encouragé dès mes débuts. C’est une ambiance qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Quand je croise des amis musiciens qui ne sont pas stéphanois, ils sont toujours surpris par cette ambiance.” 

Le coût de la vie, plus abordable à Saint-Étienne, représente également un atout indéniable pour les musiciens. Des logements moins chers et des loyers accessibles pour des studios d’enregistrement sont des éléments décisifs pour les artistes en début de carrière. René, aka RCZ, qui habite à Saint-Just-Saint-Rambert, apprécie cette donnée : “C’est plus simple avec des loyers moins chers, car cela permet d’avoir une marge supplémentaire pour vivre avec un peu plus de confort. On a une meilleure qualité de vie ici. On a plus d’indépendance d’un point de vue création. 

Si la ville offre un cadre propice aux premières étapes d’une carrière musicale, certains artistes peuvent néanmoins se retrouver rapidement limités en termes de visibilité et de réseautage, voyant en Paris un eldorado pour se faire connaître au-delà des frontières locales. 

Rester à Sainté ou partir : l’attrait de la capitale

Malgré les atouts de la ville verte, Paris reste sans conteste la ville qui domine la scène musicale française. La capitale regorge d’opportunités : salles de concert renommées, studios prestigieux, labels influents, public vaste et diversifié, et surtout, réseau étendu. Corentin, récemment installé à Paris, explique : “En restant à Saint-Étienne, j’avais peur de tourner en rond. Quand tu es un artiste émergent, tu as besoin de bouger. Je crois au hasard et aux petites rencontres qui nous nourrissent. Je suis monté à Paris pour ça, et aussi pour son bouillonnement culturel très inspirant. Et puis voir les copains réussir là-bas, ça motive à partir. 

Raphaël, membre de Terrenoire, qui vit à Clichy depuis 13 ans, partage également ce sentiment : “Je suis parti à Paris parce que j’avais besoin de vivre cette aventure, celle de la grande ville. J’avais besoin de me confronter à son énergie. Et puis, c’est aussi la réalité de l’industrie : à un moment donné, on passe par la capitale. Tout est hypercentralisé. Bon nombre de producteurs, musiciens, ingénieurs et managers de talent sont à Paris.

Cependant, il nuance : “C’est dur de faire partie de cette ville. Elle est complexe, immense, et ne s’arrête jamais. Quand je suis arrivé, j’avais une vingtaine d’années. J’étais au RSA, je bossais à droite à gauche, payé à l’enveloppe. Mais c’était mon choix. Cela ne nous empêche pas de revenir souvent à Sainté, au contraire. C’est important de ne pas oublier d’où l’on vient. 

Attachement local 

L’un des grands dilemmes des artistes stéphanois réside alors dans le choix entre leur ville d’origine et l’aventure parisienne. Mais certains refusent de choisir, alliant les deux en restant à Saint-Étienne tout en effectuant des allers-retours pour profiter du réseau parisien. Bonneville explique : “Je suis attaché à Saint-Étienne. Ici, j’ai tous mes amis et ma famille. Et puis on est proche de tout géographiquement. On peut jouer à Clermont, à Grenoble, à Lyon ; c’est très formateur. Mais c’est important de monter à Paris pour réseauter un peu. Alors j’y passe une semaine, souvent intense, et puis je rentre pour retrouver de l’air. Peut-être qu’un jour je m’installerai à Paris, mais ce sera pour mon développement personnel. 

RCZ partage également cet avis : “Avec les réseaux sociaux et les méthodes de production actuelles, je peux tout faire à distance. Je monte à Paris seulement pour des rendez-vous professionnels liés au visuel. Je suis bien ici. Pas de départ en vue, donc. 

Entre départs vers Paris et enracinement local, les artistes musicaux stéphanois témoignent ainsi d’une ville à double visage : un terreau fertile pour les débuts et une rampe de lancement vers de nouveaux horizons. Si Paris reste un pôle d’attraction incontournable, Saint-Étienne continue de jouer un rôle central dans l’éclosion des talents, offrant un cadre accessible, solidaire et propice à l’expérimentation artistique. Cette double dynamique illustre la richesse et la singularité de la scène musicale stéphanoise, qui trouve le moyen de vibrer bien au-delà des collines du Pilat. Un équilibre fragile, mais qui reflète toute la complexité et la beauté de cette ville en perpétuelle transformation. 

 

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