Pléiades, le festival des arts numériques promet, pour sa quatrième édition, d’illuminer tous azimuts la cité stéphanoise. Quand l’art, la science et la technologie s’associent pour proposer une expérience immersive à la portée de tous… Et pour remédier à l‘automne qui cède doucement sa place à l’hiver et aux jours qui n’en finissent plus de raccourcir. Par Niko Rodamel
Avec ses références à la poésie et à l’astronomie, voilà un festival hybride qui porte bien son nom : Pléiades invite le visiteur à se laisser surprendre et éblouir par des œuvres numériques dont l’esthétisme ésotérico-futuriste l’embarque dans les sphères étoilées de l’imagination. Pas moins de 35 œuvres aussi éclectiques qu’étonnantes seront visibles gratuitement dans une trentaine de spots du centre-ville de Saint-Étienne. Espaces publics, commerces, établissements culturels et lieux patrimoniaux… Proposant à chaque fois une expérience visuelle ou sonore, les créations mettent en jeu de nouvelles formes d’expression artistique. Ces dernières se déclinent cette année en quatre thèmes : intelligence artificielle et altérité, conscience écologique, rêveries sonores, cosmos et élévation.
Au-delà de la force esthétique de leurs propositions artistiques, les auteurs livrent en pointillés une réflexion humaniste et citoyenne, en dévoilant des lectures possibles du monde, de ses connexions et de son évolution face aux enjeux qui le bousculent. Avant-gardistes, interactives ou contemplatives, virtuelles ou hybrides, monumentales ou intimes, les œuvres invitent chacune à leur manière à une immersion sensible, poétique et symbolique au cœur d’un univers singulier. Œuvres sonores ou tactiles, vibrations, vidéos, jeux de lumière et intelligence artificielle ouvrent alors un dialogue avec le public.
Festival Pléiades : Pachamama
Parmi nos coup de cœur, la galerie photosensible JEITO accueillera Sabia-VR, une adaptation scénographique en réalité virtuelle de la pièce éponyme du compositeur péruvien Juan Arroyo. Écrite pour l’ensemble bordelais Proxima Centauri, l’oeuvre est un Requiem non liturgique pour la Nature. Cette dernière questionne la relation conflictuelle entre l’Humain et son environment naturel. Installé en France depuis une vingtaine d’années, Juan Arroyo s’est inspiré de la cosmogonie andine et de la théorie antique sur les quatre éléments. Chacun d’entre eux se trouve ici détourné par un autre, jouant tour à tour l’un des quatre mouvements de la pièce : Terre en flammes, Eau sans souffle, Air ensablé, Feu sans rives…
Faisant quant à lui référence au dieu de la médecine Asklipios, Émilien Guesnard a imaginé l’installation Asklipion comme une ode à la nature. Celle-ci évoque en effet les vertus des plantes médicinales. L’artiste s’est associé au compositeur Cédric Beron, à la biologiste Émeline Mourocq et à l’herboriste Claire Lebeau. À mi-chemin entre le sanctuaire de guérison et l’étal d’apothicaire, la structure installée place Dorian dévoile une centaine de plantes figées, présentées sur cinq niveaux autour d’une fontaine centrale. L’écriture lumineuse et l’habillage sonore épousent les fréquences apaisantes générées par les plantes elles-mêmes…
La Bourse du travail abritera trois œuvres du couple d’artistes plasticiens Scenocosme. Grégory Lasserre et Anaïs met den Ancxt présentent simultanément Phytopoiesis, Sonolithique et Vortex Incandescent, trois installations qui suscitent une interaction entre les plantes, les pierres, la lumière, le son, l’intelligence artificielle mais aussi le corps des spectateurs. Depuis 2003, le binôme distille les technologies numériques pour en faire infuser des essences de rêve et de poésie.
Et c’est parti pour le show
En marge des installations, sont également programmés plusieurs temps forts nocturnes, spectacles et concerts, animations et projections, dès la soirée d’ouverture du mardi 5 novembre. À 19h30 au kiosque Jean-Jaurès, le Stéphanois Brique Argent donnera un show 360° immersif mixant musique, théâtre et danse : œuvre inédite, Les monstres et moi s’annonce comme une plongée radicale dans les abysses de l’artiste. Une expérience intime où les émotions, les sons et l’environnement s’entremêlent. Corentin Brisebras s’est fait remarquer par ses chansons introspectives et ses ambiances sonores bricolées, quelque part entre une electro-pop alternative, ASMR et poésie lyrique. Pas encore tout à faire trentenaire, lauréat des Inouïs du Printemps de Bourges l’an passé et fort d’un premier EP, Meeting, sorti en février dernier, Brique Argent s’applique à se trouver là où on ne l’attend pas. Il se révéle à travers des shows expérimentaux franchement classieux, entièrement dédiés à la scène.
Le festival se terminera également en musique samedi 9 novembre, avec le live de PYUR (19h dans le jardin Eden) puis le concert immersif Expand 360 de Guru Drift (au 20h au kiosque Jean-Jaurès)… Au croisement des arts, des sciences et des technologies, Saint-Étienne se transformera ainsi, durant cinq jours, en laboratoire à ciel ouvert. Les installations seront visibles de 14h à 19h dans les commerces partenaires, jusqu’à 22h dans les lieux culturels et patrimoniaux. Pléiades est assurément un festival à expérimenter, une déambulation numérique à travers la ville à vivre en solo, en amoureux-amoureuses ou en famille, au gré du patrimoine historique, architectural et urbain.
Pléiades, festival des arts numériques, du 5 au 9 novembre à Saint-Étienne