PEF, pour Positive Education Festival, repointe le bout de son nez dès ce soir et jusqu’à dimanche, pour une 8e édition inédite. Chassé de la Cité du Design cette année, le festival prend de l’ampleur en posant ses platines au Parc Expo ainsi qu’au Clapier. Avec ce déménagement, le PEF rentre dans une autre dimension, : reste à savoir si l’ADN pourra vraiment rester le même. Par Victor Dusson.
Il faudra se faire une raison, la Cité du Design c’est de l’histoire ancienne. Le 5 novembre dernier 2023, le berceau du festival de musique électronique stéphanois Positive Education vibrait pour la dernière fois, étant contraint de faire ses valises pour laisser place aux travaux du projet Cité 2025.
Un an plus tard, et après de nombreuses spéculations sur le futur site d’accueil, Charles Di Falco et sa bande annonçaient le Parc Expo comme nouveau terrain de jeux pour les nuits et le Clapier comme théâtre des jours ainsi et de l’after du dimanche. Avec ce déménagement, le festival prend de l’ampleur et bascule dans une nouvelle dimension entrainant de nombreux changements, à commencer par sa taille.
Une jauge passée de 5 000 à 8 500 festivaliers
Cette année, le festival dispose de plus d’espace avec les 20 000 m2 qu’offre le Parc des Expositions. Et qui dit espace plus grand, dit jauge plus grande. Si la Cité pouvait accueillir 5 000 visiteurs par soir, avec le Parc Expo, le festival monte la barre à 8 500 personnes. Une capacité qui pousse les organisateurs à multiplier les partenariats pour attirer plus de monde, comme l’explique Charles Di Falco, co-fondateur et programmateur du PEF : “Pour cette édition, nous misons sur les jeunes Stéphanois en développant des partenariats avec la FASEE (Fédération des Associations de Saint-Étienne Étudiantes). On s’est rendu compte que beaucoup de jeunes écoutaient du rap la journée et de la techno le soir, on a donc décidé d’aller les chercher en leur proposant des tarifs plus abordables avec des réductions de presque 35% pour les nuits. (26 € au lieu du tarif plein à 39€ ndlr)”.
Pour cette édition, les organisateurs souhaitent ainsi réunir 20 000 personnes sur les trois jours du festival. Des festivaliers qui espèrent retrouver l’ADN du Positive. Pour cela, le PEF doit relever un autre défi, celui de s’approprier le Parc Expo, un lieu neutre et dénué du marqueur historique qui lui servait jusque là d’écrin.
Positive Education 2024 : un espace à s’approprier
Alors que les festivaliers étaient habitués à l’ambiance “indus” qu’offrait la Cité lors des précédentes éditions, le PEF repart donc de zéro cette année. Pour animer les différents halls du Parc Expo, Charles Di Falco mise sur la scénographie du studio parisien Matière Noire : “ L’architecture du Parc Expo va servir de base pour la scénographie. Par exemple, dans le Hall B, le toit est ancré sur une longue arrête qui parcourt tout le hall. Matière Noire va donc créer une ambiance futuriste aux accents Blade Runner à partir de cette caractéristique. C’est un lieu neutre certes, mais à partir duquel on peut tout imaginer”.
Le Parc Expo offre également un certain confort avec une meilleure qualité de son ainsi que de la chaleur, un point important quand on connaît le froid qu’il règne à chaque édition.
Si les nuits s’installent au Parc Expo, les jours, eux, prennent place dans un lieu bien connu des Stéphanois, le Clapier, et par extension son parking. Un lieu qui fait sens pour le festival : “C’est une salle qui partage nos esthétiques et qui porte une dynamique culturelle. Beaucoup de Stéphanois partent à Lyon ou Marseille. Il faut donc répondre à un besoin culturel. Les salles et les associations se serrent les coudes. S’installer au Clapier rentrait dans cette dimension-là. On veut montrer aux gens, Stéphanois ou non, qu’il existe de jolies salles à Saint-Étienne”, explique Charles.
Cette année, le festival voit donc les choses en grand et mise gros pour rentrer dans ses frais de location et rattraper deux dernières éditions en demi-teinte.
400 000 euros de dettes à éponger
Si le festival a cette année, vu les choses en grand, c’est aussi parce qu’il mise énormément sur cette édition pour éponger les 400 000 euros de dettes qu’ont laissé les éditions 2022 et 2023. “On a eu la malchance d’avoir des problèmes de transport durant ces deux éditions. La faute à des travaux et incidents sur le réseau de la SNCF entre Lyon et Saint-Étienne. 85 % du public est étranger à Saint-Étienne. Cela a compliqué l’acheminement des festivaliers depuis Lyon. On estime que sur 2023, une personne sur deux qui avait son billet n’a pas pu venir”, déplore Charles.
Malgré la mise en place de bus-relais, l’acheminement des voyageurs n’aurait donc pas suffi et le festival se serait donc mis dans le rouge. Alors pour sortir la tête de l’eau, les organisateurs développent une idée sur deux ans au Parc Expo. “Faire l’édition au Parc Expo, ça coûte beaucoup plus cher. À titre d’exemple, l’électricité c’est 4x le prix que ce que l’on payait à la Cité. Alors on a revu les partenariats à la hausse. Certains salariés sont passés bénévoles. On essaye de trouver des solutions tout en gardant l’ADN qui a fait notre succès”, détaille le co-fondateur.
Un ADN qui ne change pas
Alors est-ce que malgré tous ses changements, l’ADN reste le même ? C’est un grand oui pour Charles : “Ce changement de lieu et d’ampleur ne modifie en rien l’ADN du festival. On a toujours à cœur de réunir les gens autour de la musique électronique, entre artistes émergents, explorations sonores et artistes de premier plan. Cette année, nous alignons 18 têtes d’affiche sur 70 artistes. L’année dernière, il n’y en avait que 3. Pour l’instant, les gens réagissent bien. On a plus de préventes cette année que l’année dernière à la même période. On verra comment se passe cette édition. C’est un nouveau lieu, un nouveau chapitre alors on apprend nous aussi. On verra…”.
Positive Education Festival, du 14 au 17 novembre, Parc-Expo et Clapier