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Martin Luminet : « Saint-Étienne me fait un truc »

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Martin Luminet : « Saint-Étienne me fait un truc »

Alors qu’il était destiné à reprendre l’entreprise familiale, Martin Luminet entame un processus de déconstruction salvateur grâce à sa musique. Par son écriture tranchante et un chanter-parler frontal, Martin questionne les tourments d’une génération trentenaire. De passage à Saint-Étienne le 31 mai pour le festival Paroles et Musiques, il s’est prêté au jeu de l’interview. Propos recueillis par Victor Dusson.

 

Vous êtes originaire de Lyon, vous habitez maintenant à Paris, mais on dit que vous êtes stéphanois de coeur, c’est vrai ?

Oui (rire) ! Il y a deux ans, j’étais venu à Paroles et Musiques. C’était mon premier contact avec la ville. Mais j’ai surtout fait mon premier album Deuil(s) à Saint-Étienne. À cette époque, je cherchais un endroit à la fois loin de tout, mais en même temps proche de chez moi. Et un membre de mon équipe me dit : « J’ai rencontré quelqu’un qui est à Saint-Étienne, il s’appelle Tony Bakk. Il fait du super boulot et humainement, c’est quelqu’un avec qui tu vas passer du bon temps ». Quand tu brasses des sujets aussi persos, il faut que la personne qui t’enregistre, et avec qui tu vas passer ces 15 – 20 jours, soit quelqu’un de bienveillant pour que tu puisses te livrer de la meilleure des manières. Et donc on a fait tout l’album à Saint-Étienne, dans le studio d’alors de Tony, Studio Mag. C’était fou. J’ai adoré. Cette ville, elle me fait un truc. À chaque fois que je viens jouer à Saint-Étienne, j’ai l’impression de jouer à la maison. J’ai hâte de revenir à Saint-Étienne, là où tout a commencé.

Je voulais savoir ce qui traversait notre génération

Ce premier album se nomme Deuil(s) au pluriel. Comment est né ce projet ?

Il est né lorsque j’ai perdu mon grand-père. C’était un moment assez dur à vivre. Mais au moment où je l’ai perdu, j’ai rencontré quelqu’un et je suis tombé hyper amoureux. J’ai trouvé ça fou que l’existence m’enlève quelque chose, mais compense en me donnant quelque chose d’aussi fort. J’ai donc commencé à écrire mon album à ce moment-là. On sortait du Covid et je voulais savoir ce qui traversait notre génération. Est-ce qu’on est traversé par cette même colère ? Je voulais parler d’intimité et savoir si quelqu’un au bout du fil avait les réponses. Mais à ce moment-là, l’amour que je construisais s’est arrêté brutalement. Je me suis retrouvé privé de mon « lot de consolation »  si je peux le dire ainsi. J’étais en panique. Tout prenait l’eau. On vivait des deuils climatiques, sociétaux, sociaux. C’était la guerre de partout, d’un point de vue intime et extérieur. Et c’est là que je me suis dit : « Attends, je peux faire un truc de tout ça ». J’ai donc tout mis dans l’album. Cela m’a guéri, d’une certaine manière. Ça m’a fait un bien fou. Ça m’a fait avancer. Je ne pensais pas qu’on puisse tirer autant de belles choses de cette époque.

Dans mes premières chansons, j’avais besoin de vider mon sac

Dans vos chansons, il y a de nombreux passages qui sont parlés-chantés, pourquoi ce choix ?

C’était pas du tout un choix délibéré au départ. Dans mes premières chansons, j’avais besoin de vider mon sac. La seule manière de le faire pour moi, c’était de l’énoncer de la façon dont cela aurait dû sortir si j’avais eu le courage de le dire devant la bonne personne. C’était comme une obsession. Ça vient aussi des deux courants musicaux que j’écoutais le plus quand j’étais ado, le rap et la variété. Dans le rap, on ne retient rien, au contraire, on lâche les chevaux. Il y a une forme d’urgence nécessaire à s’exprimer. Dans la variété, j’étais emporté par ces artistes qui arrivaient à parler de choses extrêmement graves, extrêmement tristes et qui avaient la force de le chanter. Je trouve ça hyper beau. On retrouve ça chez Barbara que j’admire. Le parler-chanter a été le bon entre deux pour moi finalement.

L’autre facette de votre travail, c’est l’image. Vous réalisez vos propres clips dans lesquels vous traitez la notion de vide. D’où vient cet attrait ?

Je fais mes clips parce que j’adore le cinéma. Prolonger la vie d’une œuvre musicale pour d’autres sens est un challenge pour moi. À chaque fois, je me dis : « si je ne peux pas chanter cette chanson, mais que je dois la décrire visuellement, comment est-ce que je peux prolonger ce qu’elle raconte par des images ? ». J’ai l’impression de faire vivre mes chansons autrement et de leur donner une vie un peu plus riche. Après, le deuil, c’est du vide. Il prend beaucoup de place dans ces moments de vie. C’est un aspect important de mes clips. C’est parfois conscient et inconscient. En réalisation, je n’ai jamais vu le vide comme un ennemi. Il fait partie du jeu.

Votre actualité, c’est aussi votre réédition, Après Deuil(s). L’objectif, c’est de faire le point sur ces deuils, un an après la sortie de l’album ?

Exact ! L’idée, c’est de répondre à la question suivante : « Comment on apprend à lâcher son deuil ? ». Pour que la douleur ne finisse pas par nous définir. Parce que sinon, tu finis par ne plus exister, par être englouti par le deuil. Donc il faut apprendre à le laisser partir. On a donc écrit là-dessus et ça sort le 7 juin. On posera cette question sur scène jusqu’au 21 mars 2025, date de fin de la tournée qui se fera à l’Olympia. Puis je m’attaquerai doucement au prochain album qui sera sans doute un album de queuleuleu et de chenilles (rires) !

 

Martin Luminet, Festival Paroles et Musiques, vendredi 31 mai, Zénith de SaintÉtienne.

 

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