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Lou Trotignon, la joie et la douceur du doute

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Lou Trotignon, la joie et la douceur du doute

Dans son spectacle Mérou, le jeune humoriste trans non-binaire Lou Trotignon raconte son parcours de transition avec piquant, justesse et délicatesse. Petit bijou du rire et désormais moteur des fiertés queer, il sera présent sur l’édition 2025 du festival Arcomik. Cerise Rochet

©Sahamage

Chez lui, tout est doux. Ses traits, son sourire, sa gestuelle, les mots qu’il emploie, le rythme des phrases qu’il prononce, la voix, l’humour. Nouvelle pépite du rire français, apparu sur scène en 2022, Lou Trotignon porte en effet en lui la douceur, mais aussi la finesse d’esprit et la justesse de vue de celles et ceux qui acceptent d’accorder de la valeur à l’absence de certitude et de jugement.

En deux ans et demi, son spectacle a beaucoup évolué. Un peu comme lui, et en même temps que lui. Les premiers pas de Lou Trotignon dans le stand up, c’était en tant que meuf hétéro pas super bien dans sa peau… Mais qui sentait quand même que l’anxiété se mettait un peu en sourdine, une fois enfilé le costume de scène. Aujourd’hui, Lou a transitionné, et s’identifie comme un mec trans non-binaire. Entre les deux, le spectacle Mérou, du nom de ce poisson qui change de genre plusieurs fois au cours de sa vie, s’est non seulement poursuivi mais l’a surtout accompagné à chaque étape de sa transition, révélant publiquement ses doutes, ses questionnements, ses avancées, ses joies, ses peines.

« Mon écriture est ancrée dans l’authenticité. Je ne voulais donc rien cacher à mon public. Et je crois que c’est bien, aussi, d’avoir pu montrer le ‘’pendant’’ et pas juste le ‘’avant-après’’ de la transition », souligne le jeune homme. Désormais « à sa place » Lou se sent « en accord avec le fait que (son) identité de genre restera dans le doute ». Une conception très rassurante des choses, grâce à laquelle l’humoriste, une fois sur scène, parvient à créer un cadre extrêmement sécurisant pour celles et ceux qui l’écoutent. De quoi faire résonner son propos bien au-delà de son propre parcours.

Lou Trotignon célèbre les identités

« Je voulais montrer que la transidentité peut être quelque chose de joyeux. C’est la transphobie qui est porteuse de souffrance, pas la transidentité. Mon histoire, et le fait d’en passer par le rire pour la raconter, peut permettre à des gens qui vivent la même chose de moins s’inquiéter, d’avoir moins peur, de se sentir moins seuls. Peut-être que cela peut amener des clés et un peu de réconfort… Aux personnes queer, comme aux autres ».

Mais s’il est vecteur de réconfort et bien sûr, de rire, l’humour, chez Lou, est aussi un véritable support d’engagement. « Je ne veux pas que mon histoire soit considérée comme une représentation de la cause, car il y a autant de parcours de transidentité que de personnes trans. Par contre, si en devenant un des modèles de la transidentité par la visibilité qui est la mienne aujourd’hui, je peux contribuer à faire en sorte que notre parole soit plus et mieux entendue, alors tant mieux. Car jusqu’ici, le discours est surtout porté médiatiquement par des personnes cis, voire, transphobes ».

Un succès qui clôt les « discussions »

Depuis qu’il a fait son entrée dans le stand up, Lou s’est parfois entendu dire que « ça ne marcherait pas », car « trop niche », et « pas assez universel ». Des propos qui exaspèrent autant qu’ils font mal… Mais auxquels le destin, visiblement rangé du bon côté de l’Histoire, s’est lui-même chargé de répondre. Car Lou cartonne. Joue devant des salles pleines, à Paris deux fois par semaine, et en province. S’est vu tirer le portrait par toute une floppée de médias très sérieux. Le parcours de Mérou, puissant sur le fond comme sur la forme, démontre ainsi la cécité d’une société qui, ignorante dans le meilleur des cas, LGBT+phobe dans le pire des cas, n’avait jusque-là pas perçu que bien du monde avait besoin d’autres discours, d’autres vannes, d’autres manières de dire. D’autres modèles.

Désormais moteur des fiertés queer, déterminé à célébrer les identités avec bienveillance mais piquant, Lou prouve par ailleurs que l’humour communautaire peut être bien plus universel que ce qu’on croit parfois. Car, racontant son parcours de transition, le jeune homme aborde aussi les questions féministes, anti-racistes et de lutte des classes. Les rapports de domination à l’œuvre. Et puis, aussi, l’amour, l’intimité, l’amitié. Fort d’une mécanique du rire parfaitement travaillée, et d’un talent de comédien habilement utilisé, Lou propose ainsi un espace profondément joyeux. Un espace débarrassé de la puanteur transphobe, où l’on rit, où l’on se reconnaît, où l’on apprend, où l’on applaudit souvent. « Grâce à la scène, j’ai appris à communiquer avec les gens. Je crois que l’humour est le meilleur moyen de leur parler », nous avait-il soufflé lors de notre rencontre. Après avoir vu son spectacle, on en est persuadé.

Lou Trotignon + Camille Giry, le 7 mars à l’Imprimerie de Rive-de-Gier, dans le cadre du festival Arcomik. Pour lire la version longue de son portrait, rendez-vous sur www.epoque-mag.fr

 

 

 

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