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 Vincent Dedienne : « Saint-Étienne m’a appris l’humilité »

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 Vincent Dedienne : « Saint-Étienne m’a appris l’humilité »

Formé à l’Ecole de la Comédie de Saint-Étienne, Vincent Dedienne sillonne depuis un chemin jalonné de succès. Poésie et fantaisie, bon mot et justesse du propos, le comédien promène ainsi son talent de projet en projet, pour la télévision, la scène ou le cinéma. Interview, à quelques jours de sa venue à Andrézieux pour une représentation d’Un Soir de gala. Propos recueillis par Cerise Rochet    
©Christophe_Martin
Vous serez sur la scène du Théâtre du Parc à Andrézieux-Bouthéon le 13 mars, pour présenter votre deuxième one man Un Soir de gala. Il se trouve que vous jouez également à Lyon le lendemain. Votre soirée du 13, vous la passerez à Sainté pour le revival, ou à Lyon ? 

A l’heure où l’on se parle, je n’ai pas encore statué ! Je resterai à Saint-Etienne si les copains stéphanois que j’ai gardé depuis mes années à l’Ecole de la Comédie sont disponibles ce soir-là : c’est en cours de réflexion !

Vous avez souvent l’occasion de revenir par ici ?

Quand je dois jouer dans le coin, généralement. J’aime bien revenir à Saint-Etienne. Enfin… En fait, à la fois j’aime bien, et à la fois j’aime pas. Parce que je suis quelqu’un de très nostalgique et de très sensible, donc ça me rappelle à chaque fois tous les bons moments passés… Mais malgré tout, je prends toujours plaisir à me balader dans les endroits que j’aimais bien, à emprunter par exemple la rue Léon-Nautin où j’habitais…

Vous tournez avec ce spectacle depuis 2021, mais vous l’avez entrecoupé de plein d’autres projets. Pourquoi ?

Oui, de mémoire, je l’ai entrecoupé d’un film, d’une série, et d’un autre spectacle. J’aime bien faire ça, entrecouper les projets. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, j’aime bien faire ça… Si… Peut-être… En fait, j’aime bien jouer longtemps. Je trouve que ça fait partie du métier, et j’aime bien être confronté à l’obligation de renouveler un spectacle quand on l’a joué 200 fois, en s’attachant à faire en sorte que la 200e représentation soit meilleure que la 199e. Et par ailleurs, j’adore être en tournée, donc je ne me lasse pas.

A l’inverse, de nombreux comédiens-comédiennes et humoristes ont justement du mal à faire durer un one man très longtemps sans se lasser, comme si leur spectacle avait une sorte de date de péremption …

Hum… Je pense que les choses sont plus compliquées pour des humoristes qui travaillent sur l’actualité. De mon côté… Bon, on ne le fait pas exprès quand on écrit, mais je crois que je suis assez peu sensible à l’ère du temps. J’aime bien écrire des choses intemporelles. J’aime bien l’idée que le public puisse comprendre une blague sans forcément connaitre le contexte. Et j’aime bien me dire que, peut-être, je pourrai refaire la même blague dans 20 ans et qu’elle sera toujours drôle.

Il y a quelques années, vous aviez déclaré avec énormément d’enthousiasme « je dormirai quand je serai mort », à l’évocation de votre planning chargé. Aujourd’hui, vous êtes sur un one man, que vous avez entrecoupé de différents tournages, et vous sortez de 3 mois de représentations du Chapeau de Paille d’Italie de Labiche, mis en scène par Alain Françon… Vous êtes toujours dans le même état d’esprit, n’est-ce pas ?

Alors oui, mais avec un peu de nuance. Le confinement m’a appris à apprécier l’oisiveté. Maintenant, j’aime bien passer des soirées à faire des jeux de société, j’aime bien faire des puzzles, j’aime bien partir me balader avec mon chien. Je suis devenu très fort pour le farniente.. Et dans le même temps, je suis comme plein de gens : j’ai peur de ne pas avoir réussi à faire tout ce que je voulais avant de mourir. J’ai peur de ne pas avoir joué tout ce que je voulais jouer, j’ai peur de ne pas avoir lu tout ce que je voulais lire… Alors, je travaille sur plein de projets différents. L’an prochain je tente un truc : je vais jouer deux spectacles différents le même soir, dans le même théâtre. Un à 19h, un à 21h. On verra ce que ça donne, le temps est encore à l’expérimentation !

 Au-delà du rythme, comment vous ficelez ce planning ? Ce sont vos envies qui prévalent, ou plutôt les contraintes ?

Un mélange des deux, un peu… C’est vrai que j’ai davantage de choix que lorsque personne ne me connaissait. Et en même temps, je n’ai pas non plus 40 propositions passionnantes par jour… Par exemple, le fait qu’un metteur en scène aussi connu et talentueux qu’Alain Françon m’ait proposé de prendre part à l’un de ses projets, c’est assez inédit. Donc, pour répondre à la question : quand c’est irrefusable, je me débrouille pour pouvoir le faire, je m’arrange avec le planning. Et finalement, je crois que tout cela est guidé par l’envie de rencontrer des gens différents, des gens pas comme les autres, uniques, singuliers.

Par la curiosité en fait ?

Voilà. Je trouve que la curiosité est la moindre des choses. Je sais qui plus est qu’en vieillissant, on peut être tenté de rester dans le cocon réconfortant de ce que l’on connait. Alors, je me surveille, pour garder le sens de l’aventure et de la nouveauté.

« La curiosité est la moindre des choses »

Parlons un peu d’humour, puisque vous présentez actuellement un one man, et qu’il s’agit de l’une de vos casquettes. Votre humour à vous est acide, acerbe, vous pointez à la perfection les travers de l’être humain, vous êtes un satiriste… Et pourtant, vous n’avez souffert je crois d’aucun bad buzz au cours de votre carrière, alors que l’on recense pléthore de polémiques autour des humoristes. Comment expliquez-vous cela ?

Les bad buzz surviennent à mon avis plus fréquemment lorsqu’on fait des chroniques. Et pour être honnête, lorsque j’en faisais, j’ai justement frôlé une polémique. J’avais été maladroit sur une blague, qui n’était pas fameuse. Ce n’était pas allé très loin, mais malgré tout, cela m’avait servi de leçon. Je m’étais dit à ce moment-là « ouh la la, il faut que tu te relises ». Parce que par mégarde, au prétexte de la facilité de la blague, on peut rapidement aller vers une forme de discrimination. Ce que je vous raconte date d’il y a 4 ou 5 ans. Et en effet, aujourd’hui, je ne fais plus de chronique, et je crois que je suis d’un tempérament trop inquiet pour me prêter de nouveau à l’exercice.

Par exemple, je ne connais pas personnellement Guillaume Meurice. Il m’a semblé que sa blague était ratée. Mais pour une blague ratée, je me dis qu’il en a réussi tellement d’autres… Et je n’ai pas la sensation que quelque chose, dans son parcours passé, puisse laisser place à un soupçon d’antisémitisme. Je trouve, en fait, que l’époque est peut-être un peu injuste avec les humoristes. Peut-être un peu trop intransigeante. On dit qu’on a besoin des humoristes pour supporter la période compliquée que l’on traverse, on dit qu’ils sont indispensables, qu’ils sont une source d’oxygène pour les gens. Et à la fois, on leur tombe dessus assez violemment à la première mauvaise blague, ce qui est je trouve, assez injuste.

« J’aime être drôle en aimant les gens »

Justement, pour en revenir à vous… Peut-être est-il également question de ce que vous montrez de vous en tant que personne ? Vous êtes vraisemblablement sympathique, vous semblez être toujours de bonne humeur, vous êtes dans la bienveillance… de telle sorte que l’on ne puisse pas vous soupçonner de quelconque sentiment mauvais ou volonté de nuire ?

Je crois que, par rapport à ce tempérament… J’ai simplement été bien élevé par mes parents. Et, aujourd’hui encore, j’ai toujours l’impression que mes parents regardent par-dessus mon épaule pour s’assurer que j’ai un bon comportement avec les autres. Maintenant… Il est vrai aussi que j’aime être drôle en aimant les gens, alors que l’époque est plutôt à la détestation. En tout cas, on entend davantage les messages de détestation que les messages d’amour dans l’espace public. Peut-être est-ce un contraste…

Par ailleurs, j’ai été formé à L’Ecole de La Comédie de Saint-Etienne. Cette école était une école complexée, souffrant peut-être d’une comparaison avec le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, ou avec l’ENSATT par exemple. Et Saint-Etienne était une ville complexée, de la même façon, par rapport à des villes plus grandes.  Tout ceci a fait que ce sont des lieux qui m’ont appris l’humilité, qui m’ont appris la gentillesse, qui m’ont appris ce que sont les autres métiers du théâtre. L’Ecole de la Comédie, c’est une école dans un théâtre. Donc on découvre les métiers de la lumière, les métiers des décors, les métiers des costumes. Je me souviens d’un atelier, suivi avec Ouria, la cheffe costumière du théâtre. On m’a appris que les acteurs ne sont seuls dans leur coin, et surtout, pas au centre de tout.

Donc, ça, plus mes amis qui sont également dans la bienveillance, plus mes parents, plus l’expérience du théâtre où l’acteur ne fait rien s’il n’a pas de partenaires, plus le fait que je ne suis pas du tout excité à l’idée de dire du mal des gens, font que, oui : je suis dans l’amour plutôt que dans l’hostilité.

Vous avez dit dans une récente interview « être heureux et de bonne humeur est une politesse ». Est-ce que vous pensez que l’une de nos clés, en tant qu’êtres humains qui doivent faire société, se trouve là ?

C’est la phrase de Prévert : « Il faut être heureux ne serait-ce que pour donner l’exemple. » Et, oui, je pense que c’est une clé. On est aujourd’hui abreuvé de solutions pour aller mieux, soi-même. De solutions de développement personnel. Pour apprendre à faire son yoga, et à étirer son corps, à soi, et tout un tas d’autres trucs. Il me semble que, peut-être, une solution pour aller mieux serait de plutôt se tourner vers les autres.

Quid de vos projets ? Où va-t-on vous retrouver dans les mois qui arrivent ?

Alors, je vais bientôt tourner un film, une comédie musicale composée par Alex Beaupain et Diastème. Ensuite, je tourne un autre film. Et après, je reviens au théâtre, avec Juste la Fin du monde, de Lagarce, qui sera montée à Paris et qui partira en tournée l’an prochain.

On espère que la tournée passera par chez nous…

On fera en sorte, je l’espère !

Un dernier mot, pour la route ?

Et bien : longue vie à époque !

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