Théâtre né en 2002 dans le quartier de la Richelandière à Saint-Etienne, le Verso porte depuis une identité forte, populaire au sens noble, et progressiste au sens de l’humain. C.R

Se plonger dans l’histoire du Verso, même brièvement, c’est avant tout humer un peu les odeurs du délicieux bouillon stéphanois, qui nourrit, réchauffe, réconforte aux premières gouttes sur les lèvres. Le Verso : un théâtre. Mais un théâtre qui a toujours su se garder de toute considération élitiste, faisant du mot, des lettres et du jeu un moyen de se comprendre les uns les autres. Ici, se croisent comédiens et comédiennes, compagnies, metteurs et metteuses en scène, public amateur de théâtre contemporain ou simples curieux. Ici, s’invite toujours la bonne franquette, avant et après la représentation, autour d’un petit verre de quelque chose qui ravigote. Ici, dans le noir de la salle, les yeux brillent bien souvent, face aux projecteurs de la scène sous lesquels se déroulent histoires poignantes, tranches de vie bouleversantes, poésie troublante.

2002, Gilles Granouillet crée le Verso dans un entrepôt

Cette identité si forte, sans doute la doit-on au créateur du lieu. En 2002, Gilles Granouillet, auteur et metteur en scène, transforme ce qui n’était alors qu’un entrepôt à la force des bras pour y installer sa compagnie, Travelling Théâtre, fondée à la fin des années 80.  Stéphanois de naissance et d’âme, l’homme va mélanger ici tous les ingrédients qui font de Sainté ce qu’elle est : une tradition de l’accueil, du partage, de la gentillesse et de la bienveillance.
Au Verso, les compagnies accueillies sont rémunérées sur le principe d’un partage de billetterie. Une dynamique modeste, certes, mais qui n’enlève rien à la qualité de la programmation, toujours prompte à mettre en lumière l’ère du temps, ses bonheurs et ses tristesses. En témoigne d’ailleurs la fidélité du public, qui aime à s’offrir ici un moment suspendu, d’où l’on repart avec la satisfaction d’avoir partagé un point de vue, une vision, un éclairage.

Un ADN très ancré

En 22 ans, Le Verso est ainsi devenu un lieu de rendez-vous pour de nombreux habitants. Et, tandis que Gilles Granouillet a récemment pris la décision de se consacrer entièrement au travail de sa compagnie, et a donc transmis les clés de la structure à l’équipe qui l’accompagnait jusque-là, cette dernière ne peut envisager une seconde d’en modifier ne serait-ce qu’un peu l’ADN.

« Les bases ici sont tellement puissantes, l’outil tellement incroyable… Notre envie est aujourd’hui de faire exploser ce petit paradis, de le rendre plus engagé encore, de l’inscrire encore un peu plus dans le paysage stéphanois », détaille Marion Valeyre, chargée des relations publiques, qui seconde à présent Marjorie Lurol, qui a pris la direction du théâtre en septembre.

Le Verso, une histoire d’engagements

D’engagement, il sera ainsi question tout au long de cette programmation 24-25. Au profit des Stéphanois et Stéphanoises, tout d’abord, puisque certains spectacles sortiront désormais de l’enceinte du théâtre pour aller à la rencontre d’autres publics. Les 29 et 30 novembre, l’on retrouvera un Cortège à Saint-François, en collaboration avec le Méliès, le Collectif X et la Quincaillerie Moderne. Au programme de ces deux soirées : du théâtre au cinéma, du cinéma au théâtre, et entre les deux, une soupe et un cortège, donc, pour se déplacer d’un lieu à l’autre. Le Collectif X animera dans ce cadre plusieurs ateliers en direction des Stéphanois et Stéphanoises, en vue de la production d’une petite forme théâtrale sur la thématique de l’injustice.

Engagement, également, du côté des thématiques abordées par les spectacles programmés cette saison. Violences policières, environnement, solitude des mères, avortement clandestin, émancipations féminines… Un ancrage toujours aussi fort dans ce qu’est la société contemporaine, que l’on prendra plaisir à découvrir, soir après soir… Et à partager, toujours.