Détails de l'évènement
Nous avons bien failli passer à côté d’une exposition à ne pourtant pas rater, aussi sensible que singulière, regroupant trois artistes déracinés, Cécile Chappat, Meeno Yoon et Nicolas Chaudey, lesquels
Détails de l'évènement
Nous avons bien failli passer à côté d’une exposition à ne pourtant pas rater, aussi sensible que singulière, regroupant trois artistes déracinés, Cécile Chappat, Meeno Yoon et Nicolas Chaudey, lesquels interrogent avec une belle humanité leurs origines asiatiques. Vous avez jusqu’à samedi pour découvrir ce remarquable accrochage à six mains, dans l’ancienne Ecole des Beaux-Arts de Saint-Etienne. Courez ! Par Niko Rodamel
Le titre de l’exposition, Hashi Dari, associe deux mots désignant la même idée de « pont », l’un en japonais, l’autre en coréen. Un pont qui rapproche les peuples, un pont qui nous raccroche à nos racines, un pont entre le passé et présent.
Cécile Chappat part à la pêche aux images, puise son inspiration dans les albums de photos monochromes qui racontent l’histoire de sa lointaine famille japonaise. Après plusieurs années entièrement tournées vers la céramique, elle s’exprime aujourd’hui à travers l’aquarelle qu’elle pratique selon une approche très personnelle. Les pigments et l’eau s’épousent pour redessiner des tranches de vie qui l’ancrent à ses origines. Cécile a également recours à l’art japonais du gyotaku et au collage, dévoilant des empreintes de poissons découpées et retouchées, puis mêlées à des papiers divers et variés. Un travail à la fois délicat et spontané qui vient contrebalancer la technicité et les règles qu’impose l’aquarelle. La fluidité du trait et la douce chaleur des couleurs laissent apparaître, dans les toiles de Cécile Chappat, un univers d’une grande sensualité…
Née à Séoul, en Corée du Sud, Meeno Yoon est elle aussi naturellement imprégnée par la culture de son pays natal, nourrie d’une fusion des ressentis culturels orient/occident, confrontant son appartenance à une famille d’artistes coréens renommés à la poursuite de ses études artistiques à Saint-Étienne. Dans ses peintures, l’artiste privilégie le visuel au verbal en s’inspirant notamment de la photographie, explorant des images issues de diverses origines et époques, piochées dans ses archives familiales ou puisées parmi les fonds d’images relatifs à la guerre de Corée. Travaillant sur des papiers hanji en provenance de la ville de Jeonju, elle incorpore à l’acrylique un pigment blanc de coquillages fermentés, de tradition occidentale. Avec cette fois-ci de nombreux visages d’enfants, il se dégage du travail de Meeno Yoon un sentiment de simplicité et de légèreté naturelle qui charge chacune de ses œuvres d’une étonnante puissante poétique…
Nicolas Chaudey a longtemps fantasmé son pays natal avant de le découvrir réellement, sur le tard. L’artiste le dessine et le peint aujourd’hui avec une tendresse emplie de lucidité bienveillante. Scènes de rue, d’échoppes ou de transports en commun sont représentées dans un style fortement inspiré par l’univers graphique de la bande dessinée. Dans une palette de noirs, de gris et de blancs, les pinceaux et les feutres de Nicolas Chaudey expriment la nostalgie joyeuse d’un pays, si loin et si proche, finalement familier… Pour les trois artistes, le déracinement convoquent une sentiment mitigé de distance avec une enfance presque oubliée, un questionnement intime autour de l’identité.
Cécile Chappat, Meeno Yoon et Nicolas Chaudey – Hashi Dari, jusqu’au 30 novembre, Salle des cimaises dans l’ancienne Ecole des Beaux-Arts de Saint-Etienne.
Lieu
Sallle des Cimaises
15ter rue Henri Gonnard 42000 Saint-Étienne
Date
29 novembre 2024 - 11:30 - 30 novembre 2024 - 19:00