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“Le skate m’a offert la liberté que je cherchais” 

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“Le skate m’a offert la liberté que je cherchais” 

Championne de France de skateboard en 2002, ex-présidente de la Commission Nationale de Skateboard et actuelle présidente de l’association stéphanoise School Yard Riders, Claire Barbier-Essertel est une figure incontournable du skate français.  Originaire de Saint-Étienne, elle marque de son empreinte la cette scène depuis plus de 20 ans, dans un milieu longtemps dominé par les hommes. Aujourd’hui, pour époque, elle revient sur son parcours,sur  l’évolution du skate à Saint-Étienne et sur la place des femmes dans ce sport. Propos recueillis par Victor Dusson. 

Comment ton histoire avec le skate a-t-elle débuté ? 

J’ai découvert la discipline en 1996, au lycée. À ce moment-là, je pensais que le skate, c’était juste une planche sur laquelle on s’asseyait pour descendre une rue. Mais un jour, j’ai vu des garçons faire des figures sur la place Chavanelle, c’était LE spot de Sainté à l’époque. J’ai tout de suite eu envie d’essayer. Je suis donc allée acheter ma première planche chez Decathlon avant de retourner sur la place avec une copine. On était les seules filles… Et j’ai d’emblée pris conscience des regards étranges que les autres portaient sur nous, du coup.

Justement, comment tu as vécu à le fait d’être à ce moment-là la seule femme dans une discipline dominée par les hommes ? 

J’ai mis un certain temps avant de vraiment pratiquer librement. Au début, j’allais skater seule le samedi matin devant l’espace Boris-Vian, pour éviter les regards, car j’avais eu une mauvaise expérience sur la place Chavanelle. On me donnait l’impression de ne pas être à ma place. Mais petit à petit, j’ai commencé à croiser d’autres skateurs matinaux. Ils sont venus me voir, ils étaient bienveillants et m’ont invitée à skater avec eux. Très vite, ils m’ont montré comment faire un ollie, comment freiner, etc. Grâce à eux, j’ai pu intégrer un groupe sympa qui m’a ouvert à la culture du skate et qui m’a permis de progresser. 

Qu’est-ce qui t’a autant attirée dans cette culture ? 

C’était vraiment l’idée de faire des figures, d’être créative et de ne pas avoir quelqu’un qui impose un cadre. On peut skater quand on veut, où on veut, même devant chez soi à minuit ou à 8h du matin. Contrairement au football, que je pratiquais avant, il n’y a pas d’entraînements imposés. J’avais besoin de liberté, d’émancipation, et le skate m’a apporté tout ça.

Au début des années 2000, tu entres en compétition, et en 2002, c’est la consécration : championne de France. Quel regard tu portes sur cette période ? 

Avant tout, ce sont des rencontres. J’ai compris que je n’étais pas seule. J’en garde aussi beaucoup d’images, car durant cette période, j’ai créé un site internet, Poseuz Crew, avec d’autres skateuses. On voulait créer un espace qui fédérait les skateuses de France et du monde entier. Les compétitions nous permettaient de nous voir en vrai et de nous tirer vers le haut. C’était une vraie aventure, remplie de moments de fêtes et de partage, autant avec les filles qu’avec les garçons. 

À cette époque, tu vis à Paris… avant de revenir à Saint-Étienne pour ne plus la quitter. Comment était la scène skate stéphanoise que tu as alors retrouvée ? 

La scène skate de Sainté était très diverse et marquée, mais elle se mélangeait bien. Il y avait tous les âges, des adultes comme des kids. Surtout, elle était indissociable de la scène musicale. Quand j’ai commencé, le skate était un sport jeune. Il y avait plusieurs groupes de skateurs, notamment ceux qui faisaient du street et qui écoutaient du punk/rock. Grâce à cette culture, j’ai découvert la musique et j’ai eu envie d’en jouer plus tard. Dans les vidéos de skate qu’on regardait en shop, on voyait des gars se lancer sur des rails et des marches avec en fond une musique énervée. Ça nous donnait envie de faire pareil. La musique fait vraiment partie de l’identité du skateur. On se retrouvait dans des lieux comme le Mistral Gagnant, l’Entrepôt ou le Sporting. Et quand Adrien Marty (Rosbif, L’Appart Skateshop, ndlr) est arrivé, Sainté a développé une vraie culture du skate shop. 

Et aujourd’hui ? Comment la culture a-t-elle évolué ? 

Je trouve que le skate est devenu beaucoup plus accessible. Avant, faire du skate, c’était un choix assez tranché : quand on se lançait, on savait qu’on allait dérouiller dans la rue et se faire mal. Mais c’était aussi ce qu’on cherchait… Un duel avec l’environnement.
Maintenant, c’est beaucoup plus sécurisé. Les skateparks sont bien encadrés, en béton lisse, et tout le monde pratique au même endroit, ce qui est plus rassurant. Les clubs sont aussi arrivés, avec une approche pédagogique qui n’existait pas avant. C’est génial de voir les kids apprendre dans des clubs et ensuite les retrouver dans la rue en train de skater. 

L’une des grandes évolutions, c’est aussi la place des femmes dans ce sport. Tu as contribué à ce changement en intégrant la Commission Nationale de Skateboard (CNS), que tu as présidée en 2023 et 2024…

Quand j’ai intégré la CNS, qui fait partie de la Fédération Française de Roller et Skateboard, mon objectif était de créer une équipe féminine avant l’entrée du skate aux Jeux Olympiques. Il fallait assurer une parité qui n’existait pas avant et permettre aux femmes d’avoir une chance de faire carrière ou, au moins, de vivre du skateboard. On a constitué une équipe, on s’est retrouvées à Sainté pour skater, faire des photos, des vidéos… L’idée était de voir qui voulait aller plus loin, car les JO impliquent un entraînement et une approche différente du skate. Et quand les Jeux sont arrivés, le travail fait en amont a porté ses fruits. 

Aujourd’hui, tu oeuvres toujours pour le skate à travers la School Yard Riders, que tu présides. Quel est le but de l’association ? 

Elle vise à rendre le skate plus accessible aux plus jeunes. Ils peuvent pratiquer dans un cadre sécurisé, au skatepark, avec des séances encadrées par des professionnels.  Cela rassure aussi les parents. La progression est plus rapide, car on leur apprend à bien se tenir sur une planche, à freiner, à gérer leur vitesse… Bref, à maîtriser leur skate pour mieux s’amuser. 

Il y a quelques mois, un skatepark indoor a été inauguré. Ce projet a mis du temps à voir le jour…

Ça faisait longtemps qu’on attendait un lieu couvert à Saint-Étienne. En 2021, on a construit un skatepark éphémère pour la Biennale du Design, et ça a tellement plu qu’on ne voulait pas s’arrêter là. Comme la mairie ne nous proposait pas de solution, on a loué un espace près de Yellow Jump avec les fonds de l’association. Après 2 ans, on est retourné voir la mairie, qui nous a proposé de nous installer dans le gymnase Métare Sud-Est. On a accepté avec pour mission d’organiser des événements autour de la culture skate pour démocratiser la pratique. 

Quels sont les retours depuis son ouverture en septembre ? 

Ils sont excellents ! On a accueilli 6 500 personnes toutes activités confondues. On a énormément bossé pour que le park soit le plus plaisant possible. C’est Vincent, notre premier salarié, qui a dessiné les plans, et les bénévoles ont construit les modules sur 1 000 m². C’était ce qui manquait à Sainté : un vrai lieu de rassemblement et d’événements. Aujourd’hui, avec 491 adhérents, on est très fier de créer ce lien-là et puis c’est aussi un lieu où l’on va pouvoir construire l’avenir de l’association. 

 

 

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