Le temps d’une semaine, l’amicale laïque de Tardy se transforme en laboratoire de l’image où vit une colo-créative de quarante personnes qui cultivent l’expérimentation via le Kino 3000. Un seul but : s’amuser et mettre l’entraide au centre de la table. Par Victor Dusson
Apparu en 1999 à Montréal, le concept d’un Kino repose sur la création de films de manière collective, et contrainte par un délai limité et le plus souvent, par un thème. À Saint-Étienne, le concept vit à travers le Kino 3000 porté depuis 6 ans par Mat Santa Cruz et Julia Angelou, qui revient sur les débuts : “ Il y a quelques années avec Mat, on participait à un ancien kino à Saint-Étienne. Et puis un jour, il a cessé d’exister. Alors on a décidé de relancer l’expérience ensemble avec Kino 3000 pour faire perdurer cet esprit que l’on adore ”.
Un marathon créatif
Une fois inscrits, les participants découvrent le dimanche matin le thème de l’édition (“le trou” pour cette année). L’annonce signe par la même occasion le top départ de ce marathon créatif qui s’étend sur une semaine. Alors, pas de temps à perdre, un speedmeeting est organisé dans la foulée pour briser la glace et permettre à tous les participants d’échanger sur le thème, les envies, les savoir-faire, etc. Un échange précieux pour Séverine, qui participe cette année à son deuxième Kino : “J’assistais aux projections des anciennes éditions et une année, je me suis dit que, plutôt que de juger le travail des autres, je devais vivre l’expérience et découvrir ce milieu que je ne connaissais pas. Au départ, c’était effrayant mais j’ai rencontré des personnes plus expérimentées que moi qui m’ont aidée. Cette année, je coréalise un projet avec Tim qui lui vient du milieu. Il m’aide beaucoup et j’apprends de ses conseils. C’est ce que je suis venue chercher.”
Une fois les équipes constituées, place à l’écriture du scénario qui ne doit pas dépasser les 5 min. Puis les participants cherchent leurs lieux de tournage via leur proche ou carnet d’adresses. Une fois trouvé, chacun se dispatche les rôles, aussi bien devant que derrière la caméra. S’ensuivent des heures de montage qui se terminent souvent tard dans la nuit du vendredi au samedi. “En principe, les films doivent être rendus le vendredi à minuit, mais il n’est pas rare que des équipes finalisent encore leur projet à cette heure-ci. Alors on laisse l’amicale ouverte toute la nuit et ceux qui ont terminé leurs films viennent donner un coup de main aux retardataires”, explique Julia.
L’entraide, le cœur du projet
L’entraide, c’est le cœur de l’expérience. On la trouve partout, autant sur les plateaux de tournages que dans la salle de montage, et même dans la cuisine où tout le monde met la main à la pâte. “La force du kino c’est ça : l’échange humain. Il y a une réelle entraide. On peut s’adresser à tout le monde. On partage les repas, les conseils. Pendant une semaine, il règne ici une véritable ambiance de colo”, ajoute Séverine.
La ligne d’arrivée de ce marathon de création se situe au Méliès Saint-François, le samedi soir, où tous les films produits durant la semaine sont projetés devant presque 300 curieux venus pour l’occasion. Pour cette édition 2024, la soirée de projection a de nouveau fait le plein… Et peut-être de nouveau donné envie à des spectateurs de tenter l’aventure l’an prochain…
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