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Tiken Jah : “Saint-Étienne, une ville que je connais bien”

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Tiken Jah : “Saint-Étienne, une ville que je connais bien”

Tiken Jah Fakoly, en concert à Saint-Etienne le 8 novembre, présentera son premier album acoustique. Il y revisite ses titres phares, qui ont nourri plus de 25 ans de carrière avec des instruments traditionnels. Le chanteur ivoirien a répondu à nos questions. Par Victor Dusson
Tiken Jah Fakoly revient en acoustique. Crédit photo Youri Lenquette

Tiken Jah, le reggae tient une place particulière dans le cœur des Stéphanois, vous avez hâte de venir à Saint-Étienne ?

Oui, j’ai hâte ! C’est une ville que je connais bien. J’ai des amis à Saint-Étienne avec la Dub Inc. Il y a quelques années, j’ai organisé un concert avec le groupe pour financer la construction d’une école en Côte-d’Ivoire. Le public stéphanois était venu en nombre. Et puis dans mon album précédent (Braquage de pouvoir, ndlr), j’ai invité la Dub en featuring. J’ai enregistré le morceau à Saint-Étienne, dans leur studio, alors oui, j’ai hâte de revenir.

En février, vous avez sorti un nouvel album, Acoustic, qui, comme son nom laisse penser, rassemble des morceaux acoustiques. Comment est né le projet ?

J’ai toujours voulu faire un album acoustique, mais je me demandais comment les fans allaient accueillir cette idée. Alors on a fait une réunion avec mon staff et on s’est dit que c’était une bonne chose de passer le pas. La musique acoustique me ramène à mon enfance. C’est la musique que mon père écoutait donc j’ai été bercé par elle. Et quand je vois le succès des concerts, je me dis que l’on a bien fait. On fera sûrement un deuxième album acoustique dans 5 ou 6 ans.

L’album comprend de nombreuses collaborations, dont une avec Bernard Lavilliers. Comment s’est faite la connexion entre vous ?

Avec Bernard Lavilliers, on se connaît depuis très longtemps. Il m’a déjà invité sur un de ses albums (Carnets de bord, ndlr) pour le titre Question de peau. J’ai beaucoup de respect pour lui parce qu’il fait partie de ceux qui ont lancé le reggae en France avec Serge Gainsbourg. Quelques Français connaissaient Bob Marley, Peter Tosh. Mais le fait que le reggae remplit aujourd’hui de grandes salles en France, c’est grâce à des gens comme Bernard Lavilliers. Et puis je connais aussi son côté militant. Son combat pour les ouvriers, les syndicats. On s’entend très bien.

Tiken Jah : “Grâce aux réseaux sociaux, tout le monde voit les injustices”

Il y a 20 ans, vous sortiez l’album Coup de Gueule, avec l’un de vos morceaux le plus connu, Plus rien ne m’étonne. Est-ce que le message que vous portiez dedans est toujours d’actualité ?

Il est même plus que d’actualité aujourd’hui. Grâce aux réseaux sociaux, grâce aux informations que l’on a, tout le monde voit les injustices et tout le monde comprend comment le monde est partagé. Quand je chante ce morceau sur scène, je sens toute la ferveur du public. Je sens toute l’énergie que les musiciens mettent quand ils m’accompagnent. Donc oui, le message est toujours d’actualité.

Vos textes parlent d’une Afrique qui se veut libérer des chaînes du colonialisme, remplacé par celles de la Françafrique. Comment expliquez-vous qu’ils aient une telle résonance en France ?

La France est le pays de la liberté. C’est l’un des pays où le peuple a dû lutter pour sa liberté. Vous avez coupé la tête de votre Roi. Je me bats moi aussi pour mon peuple et les Français sont d’accord avec moi dans ce combat, même si c’est la France qui nous a colonisé. D’ailleurs, quand je chante sur scène le titre Françafrique, il y a une ferveur incroyable. Le public est prêt à m’accompagner parce qu’il sait que mon combat est légitime. On nous a donné l’indépendance la journée, mais on nous la reprise la nuit. Il y a une partie de la jeunesse qui a découvert avec cette chanson l’existence de ce système opaque qu’est l’impérialisme et qui continue à tirer les ficelles.

Aujourd’hui, la Russie et la Chine s’imposent en Afrique par le prisme de l’économie. Que pensez-vous de cette nouvelle donne ?

Je ne suis pas contre l’arrivée de la Russie et de la Chine. Nous sommes un continent- boutique. Nous vendons des matières premières. Pendant des décennies, nous avions un seul client, l’Occident, qui venait fixer ses prix et qui posait ses conditions. L’arrivée de la Chine et de la Russie aujourd’hui nous permet de discuter le prix pour qu’ils soient le plus intéressant pour nous.

Mais le problème, c’est que ce sont nos dirigeants africains qui font ces deals. Il ne faut pas vendre nos terres aux Chinois. Cette terre est réservée à nos enfants et à nos petits-enfants. Il ne faut pas suivre la Russie aveuglément. Nous nous battons pour la démocratie en Afrique, pour la liberté. Le peuple de Poutine ne l’est pas, donc je ne veux pas qu’il y ait d’amalgame à ce niveau-là. J’ai mal au cœur de voir des drapeaux russes dans les rues pendant les manifestations alors que nous avons rejeté le drapeau français. Ce n’est pas une mauvaise chose, mais c’est la manière dont les accords sont faits qui est à revoir.

Quand on écoute vos textes, il y aussi de l’espoir…

L’Afrique est le continent de l’avenir. Quand il y aura la stabilité en Afrique. Quand on va sortir de cette période de coup d’État, je pense que l’Afrique refusera le visa aux Occidentaux, puisqu’il y a du soleil toute l’année, la plage dans beaucoup de pays (rires). Mais tout dépend de nous. Je chante pour éveiller mon peuple, pour lui dire de prendre ses responsabilités. Personne ne viendra changer notre situation à notre place. Mais je reste optimiste.

Tiken Jah Fakoly, vendredi 8 novembre, le Fil.

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