À Montbrison et plus généralement dans le Forez, le festival des Poly’sons revient en ce début d’année pour une 21e édition prometteuse. Retour sur le succès d’un événement à l’atmosphère feutrée et réconfortante.
Par Cerise Rochet
Du haut de ses 21 ans, devenu une tradition à côté de laquelle il est presqu’impossible de passer, le festival des Poly’sons est de ces événements culturels avec un grand C. C, comme culture, oui, évidemment. C comme chanson, aussi. Mais surtout, C comme Capable. Capable de proposer une programmation exigeante en refusant l’élitisme, pour aller chercher le public là où il se trouve, et lui parler avec des mots de réconfort. L’événement, qui s’étire sur 5 semaines, vient ainsi chaque année briser le silence froid de l’hiver ainsi que l’irrépressible envie de se cacauder avec un bol de thé.
Les Poly’sons nous sortent de chez nous
Mettre son manteau fourré et son bonnet, donc. Enfoncer ses mains dans ses poches et plisser les yeux pour affronter le blizzard et cette saloperie d’humidité. Franchir enfin la porte de la salle de concert, soulagé d’être arrivé. Sourire, du contact retrouvé avec l’autre, de l’effervescence de la jauge en attente. Et puis savoir que les deux heures qui suivront seront forcément douces et exaltantes : assister à un spectacle des Poly’sons, c’est faire le pari d’un souvenir musical d’exception, nourri par l’ambiance intimiste d’une salle à taille humaine, et d’une proximité avec les artistes facilitant l’échange… Qu’importe que leurs noms soient inscrits en haut de l’affiche, ou plus confidentiels.
Dense francophonie
En 20 ans d’existence, le festival s’est ainsi taillé une bien jolie personnalité. Né au début des années 2000 d’une volonté farouche de mettre en lumière la chanson francophone, il a conservé cette vocation originelle, tout en démontrant, édition après édition, ô combien ce « genre musical » est une forêt dense, abritant ça et là multitude de « sous-genres »… si tant est soit-il que l’on veuille à ce point-là définir les choses. Tantôt acoustique, tantôt électrique, tantôt, aujourd’hui, électronique : qu’importe le style, pourvu qu’il y ait le talent, et que chacun puisse en profiter conformément à ses préférences… Et aussi, à son lieu de résidence.
Les Poly’sons en vadrouille
Car depuis quelques années, le festival, ancré à Montbrison puisqu’organisé dans le cadre de la saison du théâtre des Pénitents, se permet quelques balades en territoire forézien. Nombreuses, sont en effet les communes à avoir pris l’habitude d’accueillir certains concerts. Si l’événement est beau, alors, le plus grand nombre doit y avoir accès. Une initiative ô combien profitable, d’autant que cette année, les Poly’sons, orphelins de leur théâtre actuellement en travaux, seront entièrement organisés en itinérance : La Passerelle de Saint-Just-Saint-Rambert, l’Orangerie ou l’Espace Guy-Poirieux de Montbrison, Le Château de Goutelas à Marcoux, le Château du Rozier à Feurs, le Théâtre du Parc à Andrézieux, offriront ainsi à l’événement de coquets points de chute… Pour y voir et y écouter, de nouveau, de jolies pépites.
Pépites musicales en concert
Très jolies, même. Bertrand Belin, élégance des mots, timbre grave, et pas chaloupé. Zaho de Sagazan, pop electro rythmée au laser, mêlée de sonorités façon club berlinois pour porter la mélancolie d’une génération toute entière. Juliette, iconique, ou l’art de créer la rencontre entre les petites choses du quotidien et tout ce qui nous dépasse en tant qu’humain. Des Fourmis dans les mains, folie douce et enivrante, force de conviction portée par un délicieux parfum de déjante. Manu Galure et son spectacle J’ai dormi près d’un arbre calibré pour les enfants, pour les « oooh » de surprise, les « hi hi hi » de rire, les « ah » de contentement. Et tellement d’autres… 12 autres, exactement. Au total, 17 groupes et artistes se succèderont donc sur 6 différentes scènes du 13 janvier au 16 février… Pour un début d’année tout en passion et en chansons.
Festival des Poly’sons, du 13 janvier au 16 février à Montbrison et en itinérance à travers le Forez. Programmation détaillée https://www.theatredespenitents.fr/programme/saison-23-24/