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Noé Preszow : « je n’ai pas le fantasme du c’était mieux avant »

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Noé Preszow : « je n’ai pas le fantasme du c’était mieux avant »

Entre poésie, justesse des mots, chansons nues et engagement, l’artiste belge Noé Preszow signe un deuxième album salué par le public et la critique en quelques semaines seulement. Rencontre,  avant sa venue fin mai, sur le festival Paroles et Musiques.
Propos recueillis par Cerise Rochet
Noé Preszow, artiste chansonnier de talent, sera à La Comète le 29 mai pour Paroles et Musiques ©DR

Votre deuxième album, [prèchof], est dans les bacs depuis très peu de temps. Comment s’est passée cette sortie ?

Plutôt très bien je crois. Et puis je suis content, car j’ai l’impression que les gens qui avaient aimé le premier album préfèrent le deuxième. Et comme moi aussi… Je me dis que celles et ceux qui ont écouté [prèchof] le ressentent comme je le souhaitais. Et c’est fou, en concert, au bout de 15 jours, une partie du public connaissait déjà les paroles de ce deuxième album… Ca me rend très heureux.

En tout cas, ça démarre fort vis-à-vis de la critique, votre album est encensé… C’est quelque chose qui compte pour vous, ou vous vous en moquez ?

Je ne me fous de rien… Par contre, les mauvaises critiques, quand il y en a, ne me touchent pas. J’ai commencé la musique dans la cour de récré, donc je suis un peu vacciné.

En écoutant votre musique, et spécifiquement ce deuxième album, on peut être assez surpris d’entendre autant de chansons… Pas de vocoder, des textes hyper bien articulés, des chansons un peu nues, comme on en faisait il y a 20 ans, en guitare-voix… Vous n’êtes pas sensible à l’ère du temps, aux rythmiques electro-pop par exemple ?

Je suis sensible à l’ère du temps, mais elle ne m’intrigue pas plus que ça. Et les rythmiques plus electro, le vocoder… Je crois que c’est un costume qui ne m’irait pas. J’aime quand ça chante. Mais 65% de mes démos sont faites sur mon ordi malgré tout. Dans ma tête, je fais des chansons d’aujourd’hui.

C’est un parti pris intéressant… Qui peut soit booster votre carrière, parce que ce qui est rare est cher ; soit vous empêcher d’exploser, parce que vous ne seriez pas assez « à la mode »…

En fait, je crois que je ne me pose pas la question. J’ai horreur du vintage en plus. Je ne veux pas en faire. Par contre, je suis sensible au rapport au son. Et je crois beaucoup à l’intergénérationnel. Je crois que les choses touchent quand elles sont partagées… Je raconte l’époque d’aujourd’hui, malgré tout, et je pense que c’est assez bien compris par le public qui me suit.

Vous êtes aujourd’hui reconnu pour votre plume, et notamment la richesse de votre langage. Comment est-ce que vous travaillez ? Vous bûchez dur devant une page à remplir, ou est-ce que les mots jaillissent ?

C’est à la fois laborieux, et à la fois pas laborieux. J’écris d’abord dans ma tête. Puis, j’essaie d’organiser en thématiques. Si je ne sors que deux phrases, je ne vais pas aller loin. Mais dès que j’arrive à deux couplets, je les écrits sur l’ordi. Et après… La partie laborieuse démarre. Je crois que je pourrais rester des années sur un mot, si jamais je n’en suis pas satisfait. D’ailleurs, j’ai vraiment saigné sur trois ou quatre mots pour la première chanson de l’album. En fait, je crois que même s’il y a des fulgurances, j’ai véritablement besoin de me montrer rigoureux. Parce que je veux être à l’aise pour chanter. Je veux pouvoir regarder le public dans les yeux parce que j’assume chaque mot de chaque chanson.

“On va devoir partager le monde avec eux, donc ce sont des choses qu’il faut dire : non, l’extrême droite, ce n’est pas banal.”

Il y a la manière dont vous racontez les choses… Et puis il y a ce que vous racontez : montée de l’extrême droite, guerre en Ukraine. Tous les artistes de votre génération ne s’emparent pas des grands sujets de gouvernance de notre monde et de notre époque. Qu’est ce qui vous pousse à le faire ?

Sur certains sujets, comme la montée de l’extrême droite, je me sens légitime, de part mes origines et mon histoire. Ce n’est pas une obligation, d’avoir telle histoire pour se sentir légitime pour parler de tel sujet, mais de temps à autres, il arrive que je me trouve dans ce cas-là. Par ailleurs, les premières chansons que j’ai entendues de ma vie sont celles de Brassens, de Renaud, de Brel, de Barbara, dans la voiture de mes parents… alors, ils ne chantaient pas que des chansons engagées. Mais ils chantaient notamment des chansons engagées. Et moi, c’est de cette vie-là, dont j’avais envie.

Vous abordez donc la question de la montée de l’extrême droite… À une époque où elle a rarement été aussi banalisée. C’est une manière pour vous de remettre des points sur des i ?

C’est une nécessité, je trouve. Pour l’essentiel, en effet, on parle de l’extrême droite de manière tout à fait banale. Et bien en fait, moi, ça m’angoisse. Et il se trouve que ça angoisse mes amis, aussi. Mais contrairement à ce que l’on peut parfois croire, plein de jeunes sont tentés par ce vote-là. Alors… tentés par quoi, je ne sais pas vraiment. Mais je sais qu’on va devoir partager le monde avec eux, donc ce sont des choses qu’il faut dire : non, l’extrême droite, ce n’est pas banal. Et ça doit faire peur. Parce que c’est un danger pour nous tous.

“J’ai connu une éducation à la joie de vivre”

Et du coup, comment vous sentez-vous, dans cette époque-là ?

Je n’ai pas le fantasme du « c’était mieux avant ». Pas de nostalgie. Mais oui, l’époque pousse à la détresse, à l’inquiétude, à la peur. Malgré tout, j’ai connu une éducation à la joie de vivre. La mort, ça a toujours été quelque chose de très concret chez moi, c’est en moi. Du coup, ça me pousse à être sur la voie du « si on est là, on y va ». Disons que les drames de mon histoire familiale m’ont forcé à voir ce qui se passait dans le monde… la noirceur, mais aussi, la lumière.

Une dernière question : pourquoi est-ce que vous courrez sur la pochette de votre dernier album ? Vous êtes en retard pour aller quelque part, ou vous fuyez quelque chose ?

Le sentiment d’urgence. C’est ça, que ça représente. Je cours vers la vie et vers la lutte.

Envie d’un dernier mot avant de reprendre cette course, du coup ?

Je suis impatient de venir à Sainté. Pour moi, Sainté, c’est Lavilliers. Et il se trouve que sans le savoir, c’est quelqu’un qui m’a apporté beaucoup de choses.  Je suis très ému par avance.

Noé Preszow, le 29 mai à 20heures à La Comète (Le Panassa) à Saint-Etienne, dans le cadre du festival Paroles et Musiques.

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