Depuis 2006, le collectif stéphanois FMR œuvre à rendre nos fêtes plus sécures, en accompagnant nos conduites à risques. C.R
Il y a la scène, devant laquelle on se masse, pour secouer la tête et balancer ses bras. Il y a le bar, vers lequel on fait généralement quelques allers-retours, une petite bière par-ci, une petite bière par-là. Il y a les groupes de copains qu’on est content de retrouver, viens-par-ici-gros-câlin-dans-mes-bras. Tout le monde est prévenu : ce soir, c’est la bringue, et la bringue c’est la joie.
Sauf que parfois… La bringue ça dérape, alors, le collectif FMR veille au grain. Derrière leur stand, des intervenants et intervenantes lâchent sans radinerie des sourires et des bonsoirs emplis d’une bienveillance qui leur permet de mener à bien leur mission. Parfois, on rendra juste la politesse. Parfois, on s’approchera un peu, pour comprendre ce qu’ils et elles font ici. Parfois, on entamera même une discussion. Et puis… Parfois, sans qu’on l’ait vu venir, ni qu’on ait eu à le demander, ils et elles nous viendront en aide, et on leur dira un gros merci.
Collectif FMR : Fêtes Moins Risquées
FMR, comme « Fêtes Moins Risquées », est né en 2006 à Saint-Étienne, dans le sillon de son cousin lyonnais Keep Smiling. Collectif consacré à la prévention et à la réduction des risques en milieu festif, il est partie intégrante de l’association Rimbaud, elle-même centre d’addictologie. Objectif : assurer une présence lors de concerts, festivals, free party, ou événements de l’espace urbain, pour mieux accompagner les pratiques à risques liées à la consommation de produits psychoactifs. Sans jugement, sans rengaine moralisatrice, sans viser expressément l’arrêt immédiat des consommations, l’équipe FMR tâche ainsi de délivrer aux usagers de drogues et d’alcool – ou à leurs copilotes de soirée – messages, matériel, et éventuellement secours, en cas de besoin.
« Les lieux ou événements qui nous accueillent nous mettent toujours un espace à dispo pour installer notre stand, détaillent Carine et Louise, respectivement éducatrice et infirmière, salariées du centre Rimbaud, en charge du collectif FMR. On y dépose des flyers d’information sur les substances psychoactives ou de prévention sur les risques sexuels, mais aussi des bouchons d’oreille, du petit matériel de consommation en vue de la réduction des risques lors de la prise de substance, comme le roule ta paille ou le roule ton quart*. Le stand permet d’établir un premier contact. »
Parallèlement à ça, l’équipe en place lors d’une soirée intervient en maraude, en veillant aux espaces sombres, et en gardant un œil sur ce qui se passe au bar. Un espace de pause sonore est également mis en place. Une sorte de zone de réassurance, pour permettre aux personnes qui en auraient besoin de redescendre… A l’écart de la foule, en bénéficiant d’un accompagnement.
Parce que le contact vaut mieux que l’isolement
Et jusque-là, le collectif obtient de bons résultats. Les responsables de la salle du Grand Marais, à Riorges, ont été les premiers à le constater. « Lorsque les responsables de la salle nous ont appelés, ils étaient un peu en panique, se souvient Carine. Lors de chaque concert, une grande partie du public était complètement ivre avant même l’ouverture des portes. C’était intenable pour les organisateurs. Et puis, petit à petit, avec notre présence, les choses se sont régulées… Et aujourd’hui, tout roule ». Preuve que dans l’univers de la fête, la prévention et la réduction des risques représentent peut-être une meilleure carte à jouer que celle de la répression à tout va. Le contact, plutôt que l’isolement. L’accompagnement plutôt que le jugement.
Une réussite d’autant plus belle que le collectif, guidé par Louise et Carine, est majoritairement composé de bénévoles, et ce, depuis ses débuts. « Aujourd’hui, notre équipe compte 25 personnes. Plus on aura de bénévoles avec nous, plus on pourra être bien dans nos missions. Et plus, du coup, on pourra aller sur des missions très différentes. Aujourd’hui, les organisateurs d’événements festifs ont, pour la plupart, bien intégré l’enjeu de la réduction des risques. On est donc très sollicité… Du coup, on propose aussi des formations aux organisateurs. L’objectif, c’est qu’ils soient capables de mettre eux-mêmes en place un système de RDR sur leurs événements ».
*Roule ta paille : carré de papier prêt à être roulé en paille, destiné à être jeter après usage pour limiter certains risques d’infection ou de contamination. Dessus, sont inscrites des informations sur le sniff (conseils et alertes).
Roule Tonquart : cartons non plastifiés et avec de l’encre alimentaire regroupés en carnet à destination des personnes qui roulent des joints ou des clopes. Les messages inscrits sur les cartons ont été pensés par des consommateurs
Collectif FMR : Carte Blanche
À l’occasion de la journée internationale Support don’t punish, qui vise à redonner de la dignité aux usagers de drogues, la Guinguette de Couriot offre une carte blanche au collectif FMR, le 28 juin. Ce dernier organisera ainsi un événement qui mêlera témoignages et récits d’expérience. Les partenaires seront également invités (Giddy’Up, Keep Smiling, l’ENIPSE…). Animations, jeux, et bonne ambiance, à partir de 18h.